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PHOTOTHEQUE

L'exposition à Essaouira

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du catalogue de l'exposition

Ce catalogue, réalisé par Célia Bchir, est publié à l’occasion de l’exposition « Gnawa, au delà de la musique», présentée à Essaouira lors du Festival Gnaoua et Musiques du Monde du 14 au 17 mai 2015. À travers cet ouvrage, la Maison de la Photographie de Marrakech souhaite rendre hommage à l’ethnologue Viviana Pâques et à son principal informateur, le moqaddem gnawi, El Ayachi.

L’exceptionnel dialogue qu’ils ont entretenu pendant plus de vingt ans a été filmé à partir de 1969 par le cinéaste Jacques Willemont.

Ci-dessous vous pouvez trouver les photographies du catalogue de l'exposition de l'Institut Français à Essaouira sur les Gnawa.

Dans le monde des Gnawa, tout est code et El Ayachi, le moqaddem, vit au
cœur d’une forêt de symboles : « Une derdeba, c’est comme un mariage.
La aâda, c’est comme le soir de la noce, lorsque l’homme entre dans la chambre, pour coucher avec sa femme » dit-il. Pour Viviana Pâques, cette interprétation éclaire le rôle des jeunes filles. Lorsqu’elles sortent de la maison pendant la aâda, une bougie dans chaque main, elles symbolisent
les étoiles d’Orion qui vont chercher le « mari », représenté par les deux tbel – les tambours
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Mina, Milouda, Mohammed
Un grand moment dans la vie de la famille d’El Ayachi : la circoncision du fils Mohammed. Mina, la moqaddema, la voyante-thérapeute, est parée comme pour un mariage. À sa droite, Milouda, sa fille ainée qui prendra sa suite dans la confrérie.
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El Ayachi entouré de sa fille et de ses nièces. En 1969, personne ne possède
d’appareil photographique dans la famille d’El Ayachi. Aussi, chacun souhaite se faire photographier.
Ces enfants, devenus adultes, ne découvriront ces images qu’en 2012.
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El Ayachi, Milouda et Mohammed
El Ayachi très fier de ses enfants qui représentent, à ses yeux,
l’avenir de la confrérie.
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El Ayachi pose avec un guembri bien qu’il ne se considère pas comme
un maâlem mais un erqsou.
« Il faut un erqsou, dit-il, pour la derdeba ! C’est lui qui ouvre la rahba.
C’est lui aussi qui veille à l’enchaînement des couleurs des mlouk.
Il danse aussi et, si le maâlem oublie un chant, il le lui rappelle. ».
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Les clichés de Mina, la moqaddema, sont rares. Elle tolérait tout au plus
d’être photographiée, lors des fêtes, comme celle de la circoncision de son
fils. Elle accordera une minute pour la réalisation de ce cliché avant de se
recouvrir de son voile. Ce jour-là, elle était de bonne humeur. La derdeba de
la veille s’était déroulée sous les meilleurs auspices.
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Milouda
La fille aînée d’El Ayachi et de Mina, qui endosse le rôle de moqaddema
après le décès de sa mère.
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Halima
La fille cadette d’El Ayachi et de Mina qui assume, aujourd’hui encore,
le rôle de moqaddema de la confrérie depuis le décès de Milouda.
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Bnet dial tbiqa 1 (les filles de la tbiqa)
À l’occasion du Moussem, la famille et les adeptes se rendent à Tamesloht
et s’installent dans des maisons de location.
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Bnet dial tbiqa 2 (les filles de la tbiqa)
Certaines jeunes femmes vivent au plus près de la confrérie pendant
la durée des soins que leur prodigue la moqaddema.
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Bnet dial tbiqa 3 (les filles de la tbiqa)
Le rôle des femmes dans la confrérie est prépondérant. Elles y figurent en
nombre et elles contribuent à l’organisation des rituels. L’arifa est la plus influente : elle veille sur la moqaddema, surtout lorsque celle-ci danse et tombe en transe.
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Nes dial tbiqa (les gens de la tbiqa)
À Tamesloht, dans sa maison de location, El Ayachi pose aux côtés d’adeptes de la confrérie. Pendant ce séjour, quelque 300 clichés ont été réalisés. Il s’agit, pour l’essentiel, de photographies posées qui correspondent à l’attente de la famille et des adeptes.
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10 000 personnes se pressent à Tamesloht au moment du Moussem. L’un des moments forts du pèlerinage est la visite au tombeau de Moulay Abdellah Ben Hsein, le Saint fondateur du village. Les membres des confréries gnawi et aïssawi tournent autour de la fontaine de la zaouïa dans le sens inverse du mouvement du soleil. On aperçoit l’entrée du tombeau du Saint que les moqaddema visitent pour régénérer leur baraka.
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Tous les ans, les représentants des tribus ancestrales des Aït Amgar – fondateurs de Tamesloht – et des Uled Mta – tribu forgeronne – offrent une chamelle aux
chorfa. Les participants munis de bâtons veillent à ce que la préséance soit respectée, celle qui oblige la chamelle des Uled Mta à pénétrer dans la kucina avant celle de l’autre famille.
Ce rituel, filmé en 1969 par Jacques Willemont, n’existe plus.
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La chamelle « blanche »
Offerte par les tanneurs de Marrakech, la chamelle est conduite à pied
à Tamesloht pour saluer le Saint et menée à Moulay Brahim où elle sera
sacrifiée. Pour les Gnawa, ce rituel répète le rite du mariage de la Terre
avec le Ciel et celui de la première circoncision.
Ce sacrifice à Moulay Brahim existe toujours.
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À la fin de la cérémonie qui symbolise le sacrifice des deux chamelles, les
cavaliers s’élancent le long de l’Oued qui traverse Tamesloht. Pour les Gnawa,
cette tburida – fantasia – évoque le galop des génies.
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Le 8ème jour
Le Moussem dure sept jours. Le 8ème jour, la moqaddema récupère à la
zaouïa les objets du culte chargés de la baraka du Saint et organise une lila,
avant de quitter Tamesloht. Les musiciens sont arrivés en fin d’après-midi et jouent les airs profanes de l’ougba. L’un d’eux, le bâton bleu de cauris en main, exécute les pas de danse traditionnels. Dans quelques instants, El Ayachi va sacrifier.
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Le sacrifice du veau
Les sacrifices des animaux sont très ritualisés. Au son du guembri et des
qarqabou, El Ayachi égorge l’animal selon les préceptes musulmans, c’està-dire la tête tournée vers la Kaaba, d’un mouvement net et unique du
couteau, en prononçant le nom d’Allah.
Une partie du sang est récupérée pour « marquer » les instruments de
musique, les portes d’entrée de la maison, les objets du culte, ...
Autrefois, il pouvait être bu par la moqaddema.
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La fatha
Après le sacrifice, El Ayachi exhorte les membres de la confrérie : « Que Dieu
accomplisse tous les souhaits. Que Dieu aide la moqaddema. Que Dieu
arrange les affaires de tous ceux qui sont présents, le visible et l’invisible.
Que la vipère se tue avec son propre venin. »
Ce jour-là, il souhaite à Viviana Pâques : « Que Dieu vienne à son aide »
et à Jacques Willemont : « Toi qui es venu, que Dieu accomplisse tous
tes souhaits ».
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La moqaddema danse
Le premier sacrifice que font les Gnawa, c’est celui du bouc. Dès qu’ils s’installent pour une fête, ils l’égorgent. Après le sacrifice, la moqaddema, voilée de blanc, danse seule devant les musiciens et la confrérie.
Viviana Pâques précise : « Le possédé est un dressé, un mort-vivant. Ce n’est plus lui qui danse. C’est l’énergie qui est en lui qui s’exprime par la danse. »
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Les Rouges
Les adeptes voilées de rouges attendent l’arrivée d’El Ayachi pour
le sacrifice des poulets.
Tous les adeptes qui consultent la moqaddema et qu’elle déclare malades,
doivent apporter 2 poulets, 4 mètres de tissus de la couleur du melk qui le
possède et le biod – l’aumône. C’est l’erqsou qui égorge. Plus tard, avec le
poulet sacrifié, il prépare le halu – le sucré – qu’il mange avec la nouvelle
adepte. « Mais la guérison dépend de Dieu », précise El Ayachi.
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Le sacrifice des poulets
El Ayachi respecte strictement le rituel : il purifie l’animal avec de l’eau
parfumée de jawi blanc, de jawi noir et d’eau de fleur d’oranger.
Il lui lave trois fois le derrière, la tête, l’aile droite, l’aile gauche, la patte
droite, la patte gauche, puis tout le corps.
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El Ayachi vient de trancher le cou d’une poule offerte en sacrifice par une
adepte. ll lance ensuite l’animal vers l’Est. Le sang jaillit mais la poule ne tombe pas en battant des ailes, comme il se doit.
Toute l’assistance observe avec une grande attention son comportement. De sa chute finale dépend l’acceptation ou non du sacrifice par les génies.
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La aâda, la tradition, l’ouverture.
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Les Noirs
Les Blancs et les Bariolés sont suivis par quatre Noirs esclaves. Les bougies avec lesquelles danse la moqaddema sont la lumière de la Connaissance.
Les familles de génies qui suivent sont les Bleus, les Rouges, d’autres Blancs,
les Verts, d’autres Noirs, puis les Jaunes qui symbolisent la lumière du soleil qui dissout la nuit.
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Les danses rituelles vont commencer. Le maâlem encense le guembri avant
de jouer. Autour de lui, six joueurs de qarqabou, soit sept instruments en
tout. Sept, ce chiffre symbolique qui traverse toute la culture gnawi.
El Ayachi précise : « Le guembri est soumis aux qarqabou, parce que le
guembri, à l’origine, est masculin. C’est un homme ! Mais, sans les six
qarqabou à côté de lui qui sont ses femmes, le guembri ne peut rien ».
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